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        • Comme tous les soirs depuis le début de ce malheureux confinement, j’observe la ville de l’intérieur, trop froussarde pour affronter l’air et les gens viciés au-delà de mes fenêtres. Je fais infuser une tisane et je la bois lentement, laissant la tasse chaude contaminer ma chair de sa douce chaleur. Avec le temps, j’ai remarqué que la plupart des voisins font la même chose que moi, à tour de rôle, mais à des heures différentes. Certains sont plus furtifs; d’autres comme moi collent des heures à la fenêtre à la recherche d’un peu d’humanité.

        • Ce soir ne fait pas exception à la règle. Trois de mes voisins se sont succédé, mais il ne reste plus que moi maintenant. Dehors, il doit bien faire sous la barre des -20 degrés, sans compter le facteur vent. Personne ne s’y aventure. Le ciel est dégagé. La lune y trône bien haut. Comme elle est magnifique à veiller sur ce qui l’entoure. Je regarde la nature avec une réelle compassion. Comment peut-elle résister à toutes ces fluctuations, tous ces assauts de toutes parts?

        • Puis, venant de nulle part, un courant électrique me traverse le corps. Le poil me hérisse soudainement sur les bras comme si j’étais moi-même à l’extérieur et que j’expérimentais le froid arctique qui sévit en ce moment. Je secoue doucement mes épaules en prenant une gorgée de tisane pour me réchauffer. C’est alors que j’entends un cri en provenance de dehors. Ou plutôt un hurlement. Quelqu’un qui imiterait le cri d’un loup. J’observe à gauche, à droite. Il n’y a personne. Je dépose ma tisane et entrouvre la fenêtre… Le silence et le froid pénètrent violemment dans ma chambre. Je continue d’examiner les ruelles et les maisons des alentours. Et je l’entends de nouveau, ce hurlement, comme une zone de choc dans la nuit. Derrière l’édifice en face de chez moi, je vois quelque chose bouger. Mon attention s’y concentre et, à mon grand étonnement, je le vois. Un loup majestueux. Sa fourrure blanche reflétant la lumière de la lune.

        • Stupéfaite, je reste figée devant ma fenêtre plusieurs secondes avant qu’un bruit de bouteilles cassées attire mon attention sur la droite. Deux autres loups viennent de renverser le recyclage des voisins à la recherche sans doute de quelque chose à manger. Trois autres loups apparaissent à gauche. Ils déambulent dans la rue déserte comme s’ils en étaient les rois. Je cherche des yeux la présence de voisins à leur fenêtre pour partager mon émoi, mais tous ont leurs rideaux tirés.

        • C’est alors que me vient une idée saugrenue. Une idée instinctive complètement folle. J’avance mon visage dans l’entrebâillement de la fenêtre, je prends une grande inspiration, je lève la tête et je hurle à la lune. Un hurlement qui prend racine au plus profond de moi-même. Je hurle mes entrailles. Les loups s’arrêtent net de bouger et aux aguets me regardent. L’espace d’un moment, nous nous fixons du regard. Celui qui semble le chef se met alors lui aussi à hurler, et les autres suivent. Je m’y remets et, pendant de longues minutes salvatrices, nous hurlons à la nuit, comme si c’était la seule et unique chose à faire.

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    • Mireille Gagné

    • Estée Preda

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